Philippines: Évangéliser par la radio
Publicado Originalmente en OMIWORLD.ORG
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Tôt, chaque matin, avant que le soleil ne se lève sur les montagnes, au centre de Mindanao, le P. Jonathan DOMINGO entre dans un bâtiment ordinaire, avenue Sinsuat, à Cotabato City. Il y commence sa journée et les émissions de DXMS, une radio commerciale, gérée par la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée.
Le prêtre dit que la radio est l’un des meilleurs moyens de prêcher l’Evangile aux pauvres «sans faire du prêchi-prêcha.» Il dit encore que prêcher la Parole de Dieu, ne signifie pas lire la Bible ou l’Evangile en l’air.
Aux Philippines, la radio détient la plus forte audience parmi tous les mass media. C’est une industrie florissante qui compte environ 1000 stations radio. On pense que neuf sur dix ménages ont un poste radio.
«Prêcher aux pauvres signifie leur donner l’information significative qui affecte leur vie», dit le P. Domingo, qui dirige la plus ancienne station radio, aux Philippines: elle émet depuis les années 30.
DXMS et les sept autres stations radio gérées par les Oblats “suivent les enseignements de l’Eglise” et promeuvent des solutions non violentes aux conflits sociopolitiques, surtout au sud du pays.«La plupart des sociétés de media sont responsables en premier lieu devant leurs actionnaires et leurs publicistes. Nous n’avons à répondre qu’à Dieu et au peuple» dit encore le P. Domingo.
A la suite de la dispersion d’une manifestation de paysans et d’indigènes, à Kidapawan City, le 1er avril, les médias des Philippines étaient remplis de rapports contradictoires: qui fallait-il blâmer pour la mort d’au moins trois manifestants et de plusieurs autres blessés? Les manifestants avaient bloqué l’autoroute principale, dans la province de Cotabato afin d’obliger le gouvernement à intervenir pour soulager les effets d’une sécheresse, qui durait depuis longtemps dans la région. Plutôt que de rallier le concert de blâmes, le P. Domingo et ses reporters du DXMS ont cherché des réponses dans les banlieues de la ville. Le prêtre est allé dans un village proche de la ville d’Arakan d’où venait la plupart des manifestants.
«Avant d’être journalise, je suis prêtre, dit-il. Nous devons lire au-delà des titres, nous examinons les causes de la pauvreté, de la faim et de l’absence de terre. Nous sommes missionnaires.» Il ajoute que les deux heures de route vers Arakan lui rappellent les défis qu’il a acceptés en devenant prêtre.
En 2009, des mois après que 58 personnes, dont 34 étaient journalistes, aient été massacrés dans la Province de Maguindanao, le P. Domingo s’est joint au groupe de journalistes qui visitaient le site, pour donner une suite à l’événement. «Quand j’ai vu le lieu, j’ai oublié l’histoire et je me suis mis à prier.» Il a pris son étole et a animé une prière interreligieuse avec un imam et un pasteur protestant.
«Le fait d’être journaliste ne m’empêche pas d’accomplir ma mission de prêtre. Les médias devraient être guidés par une vision apostolique et un style de vie missionnaire pour devenir la voix des pauvres.»
Le P. Domingo a commencé à travailler dans les médias en 2002, quand sa Congrégation l’a chargé de gérer les stations radios, tout au sud des Provinces de Sulu et Tawi-Tawi, où seulement 3% de la population est chrétienne.
«La différence de religion n’est jamais un obstacle, dit Babylyn Kano Omar, une musulmane qui dirige DXGD, une autre station AM des Oblats, dans la ville de Bongao, à Tawi-Tawi. Le P. Jonathan croit qu’indépendamment de la foi, du sexe ou de la race, une personne ayant du cœur pour les nouvelles et de la compassion pour les pauvres, peut faire partie de DXGD.»
Pendant six ans à Sulu et Tawi-Tawi, le P. Domingo a rapproché les Musulmans et les Chrétiens pour qu’ils travaillent ensemble à présenter des histoires aux gens, indépendamment de la religion et de la culture.
Le prêtre dit qu’il veut continuer l’héritage de la Congrégation dans les médias. Même avant Vatican II et son Décret sur les Communications, au milieu des années 60, les Oblats aux Philippines étaient déjà engagés dans le ministère des médias, quand il a pris la direction de ‘Philippine Commonwealth’, un hebdomadaire national catholique, après la deuxième guerre mondiale. En 1948, les missionnaires ont lancé The Mindanao Cross, un journal catholique pour la Province de Cotabato. Avec son expansion et l’acquisition de machines modernes ainsi que l’introduction d’une imprimerie de qualité, le journal est devenu l’une des principales publications de la région. En 1985, les Oblats ont acquis DXMS de l’archidiocèse de Cotabato, et ont placé la station dans le giron de leur Notre Dame Broadcasting Corporation, où il a contribué à donner force compétitive au réseau, en lui permettant de devenir un réseau régional. (http://www.ucanews.com/ )